L'AGRICULTURE à LA RÉUNION

 

Le secteur agricole repose sur des filières bien structurées qui doivent cependant faire face à la concurrence des produits importés à bas prix, notamment pour les produits transformés. Les revenus agricoles poursuivent leur progression en 2016. Deux filières tirent les résultats à la hausse : la production fruitière et légumière ainsi que celle de viande de porcins et bovins. La campagne cannière s’inscrit en baisse. La production biologique se développe et la stratégie de la filière se construit dans le cadre du nouveau programme national Ambition Bio 2021.

 

 

Structures de production

La surface agricole utilisée

La surface des terres agricoles à La Réunion représente seulement 21 % de la superficie de l’île contre 50 % au niveau national. Les jardins et les vergers familiaux des non-exploitants, dont la production est autoconsommée, sont particulièrement présents à La Réunion. La surface agricole utilisée par les exploitations agricoles (SAU) est de 43 061 hectares en 2015. La surface dédiée à la canne reste stable (24 292 ha en 2015) et largement majoritaire (56 % de la SAU), tandis que le reste de la SAU est dédié à la production de fruits et légumes et à l’élevage. La surface agricole se maintient grâce à une politique de préservation qui constitue un axe prioritaire du plan réunionnais de développement durable de l’agriculture et de l’agroalimentaire.

 

Poursuite de la hausse de la production et des revenus agricoles en 2016

La production agricole de La Réunion atteint 415,4 millions d’euros en 2016, soit une hausse de 0,8 % par rapport à 2015. Cette croissance concerne à la fois la filière végétale et la production animale. Alors que la valeur de la production de canne diminue de 0,9 %, celle de la filière fruits et légumes progresse de 2,0 % grâce à des conditions climatiques favorables et le maintien des prix payés aux producteurs. La valeur des productions animales progresse de 1,7 %. Cette évolution provient essentiellement d’une hausse de la production porcine et, dans une moindre mesure, de la viande bovine.

 

 

La filière de la canne à sucre

Une industrie traditionnelle et pilier du secteur agricole

La culture de la canne à sucre est de fait au cœur de l’histoire réunionnaise, celle peu glorieuse du marronnage pour faire face au fort besoin de main d’oeuvre, mais se faisant, celle aussi du peuplement, de l’identité et de la culture réunionnaise dans toutes ses dimensions. Depuis l’origine, la vie économique et sociale s’est organisée autour de sa culture, et elle a traversé les siècles rassemblant chaque génération.

La filière canne à sucre reste aujourd’hui la clé de voûte du tissu agricole réunionnais, et contribue à son rayonnement, notamment à travers le sucre et le rhum. La canne représente 57% de la surface agricole utilisée (24 400 hectares) et compte environ 3000 exploitations. La filière s’appuie sur deux usines ayant une capacité de traitement d’environ un million de tonnes de cannes, un terminal sucrier pour l’exportation du sucre réunionnais vers le continent européen, ainsi que trois distilleries pour la fabrication de rhums. Pour autant, cette filière reste fragile face à la concurrence et fait donc l’objet d’un appui important des pouvoirs publics : le prix de la canne à sucre est administré, et à cela s’ajoute une série de mesures d’aides directes et structurelles au soutien de la production, des exploitations et des producteurs.

 

Une campagne cannière en baisse

La campagne cannière 2016 s’inscrit en baisse par rapport à celle de 2015. Les volumes de cannes manipulées diminuent de 6,0 %, après +7,5 % en 2015 et descendent en dessous de la moyenne décennale. En revanche, la richesse saccharine augmente, passant de 13,28 en 2015 à 13,64 en 2016. La filière s’appuie sur une interprofession structurée et mature fédérant les syndicats agricoles, les industriels et l’État autour d’un cadre stratégique partagé, matérialisé par la Convention canne. Cet accord interprofessionnel a été renouvelé pour la période 2015-2021 et comprend un engagement pour les campagnes 2015 et 2016.

 

La filière fruits et légumes

 

  • La culture légumière tient une place stratégique pour l’autosuffisance alimentaire de l’île. Depuis 2010, les surfaces allouées aux cultures légumières sont stables  (2 358 ha en 2015). La production de légumes se concentre principalement sur les légumes frais. La production de tubercules, racines et bulbes regroupe l’essentiel des autres productions. La tomate reste le légume le plus produit dans l’île ; viennent ensuite les salades et les brèdes. La filière est  engagée dans un plan de développement visant les cultures de pommes de terre, de carottes, d’oignons et d’ail (les plus importées) dont les techniques de production sont maîtrisées, mais les surfaces en culture insuffisantes pour gagner des parts de marché face aux importations.
  • Les cultures fruitières s’étendent sur 2 900 ha (en 2014) et représentent 7 % de la surface agricole utilisée. En 2016, la production locale de fruits, avec plus de 40 espèces différentes, couvre 63 % des besoins alimentaires en frais et 55 % du marché global. La production locale de fruits est concentrée autour de l’ananas, les agrumes et les bananes. Les productions de nombreuses espèces fruitières varient cependant fortement d’une année à l’autre, en fonction notamment des conditions climatiques. 

Les autres productions traditionnelles : la vanille et les huiles

La filière « vanille » concerne une centaine d’exploitations (187 ha) pour une production de 4 tonnes et environ 10 tonnes de vanilles importées. La vanille Bourbon (traditionnelle) ne bénéficie pas d’une appellation protégée. L’association pour la valorisation de la vanille de La Réunion (A2VR) qui regroupe les producteurs de vanille a engagé une démarche de protection juridique   européenne   de   la   dénomination   « vanille   bourbon   de   l’île   de   La   Réunion ».

 

La production de géranium et celle des autres huiles (vétiver, baie rose ...) sont regroupées au sein de la Coopérative agricole des huiles essentielles de Bourbon (CAHEB), créée afin de réglementer les conditions de production. La Caheb assure l’encadrement technique, la collecte des produits et leur commercialisation (auprès des grands parfumeurs français notamment). Son objectif est de redynamiser la filière dont les atouts sont importants.

 

L’Élevage

La part de la production locale de viandes dans la consommation totale se maintient à 42 % en 2016. Des efforts sont réalisés par les filières dans le cadre du projet DEFI (Développement de l'Élevage et des Filières des Interprofessions), notamment la remise aux normes des élevages et l’augmentation des capacités de production grâce au nouvel abattoir avicole.

 

Le niveau de la consommation avicole locale se maintient grâce aux importations de volailles (+3,7 %) composées de produits congelés venant concurrencer le marché local du frais, arrivé à saturation. Les abattages de volailles diminuent de 5,3 %. Alors que la production locale couvre l’essentiel du marché du frais (95 % en 2016), elle n’atteint que 38 % du marché global (frais, transformé, congelé).

 

La consommation porcine locale est en hausse de 1,1 % en 2016 en lien avec la progression des abattages (+5,8 %) suite à l’activation d’un mécanisme de soutien du Programme européen de mesures spécifiques liées à l’éloignement et à l’insularité (POSEI) aidant à la régulation du marché. La production locale de porcins couvre entièrement les besoins en frais, mais à peine la moitié (47 %) du marché global. Parallèlement, la consommation locale de viande bovine recule de 3,7 %.