Peut-on encore mettre en place un financement bancaire pour une reprise d'entreprise ?

Dans l’histoire du système bancaire mondial, il y aura un avant et un après Lehman Brothers. En effet le 15 Septembre 2008, cette puissante institution financière américaine plus que centenaire, rongée par la crise des subprimes comme la plupart de ses concurrents, dut se déclarer en faillite et licencier sur le champ ses 27,000 salariés parce qu’elle n’avait plus les liquidités nécessaires pour faire face à ses engagements à court terme et que la Réserve Fédérale avait refusé de les lui apporter.

 

Ce jour là, tous les banquiers de la planète ont compris qu’ils étaient entrés dans une ère nouvelle dans laquelle ils ne pouvaient être sûrs de rien,  et qu’aucun de leurs actifs, aussi solide soit il, n’était à l’abri du risque de dépréciation à vil prix si ce n’est à zéro. Leur comportement s’en est ressenti sur le champ conduisant à un credit crunch universel que les autorités publiques s’évertuent à desserrer à coup de centaines de milliards. L’argent est ainsi devenu, depuis l’automne dernier, rare et cher sous l’effet des primes de risque.

 

Or n’est ce pas l’essence même de l’entrepreneur que de se lancer dans l’aventure d’une création ou d’une reprise sans avoir la certitude absolue du succès ? L’argent qu’il recherche n’est-il pas baptisé « capital-risque » par les prêteurs ? Ainsi le repreneur se trouverait-il aujourd’hui aux prises avec la pire conjoncture, dans sa recherche de financement pour son projet ? Le pire n’étant jamais sûr, essayons au contraire d’analyser les opportunités que la « crise » va nous permettre d’exploiter dans le nouveau contexte du financement de l’économie par le système bancaire.

 

Un retour aux fondamentaux

 

Tel est le signal donné au marché par les banquiers en réaction à la déroute financière. Cela signifie que les octrois de crédit seront dorénavant plus sélectifs ce qui ne veut pas dire nécessairement plus réduits. En effet les banques ne peuvent pas se suffire de leurs revenus de salles de marché pour alimenter leur produit net bancaire ni de leur banque de détail… Le financement des entreprises est pour elles une nécessité, non seulement pour la bonne rentabilité qu’elles en attendent mais aussi pour créer les conditions d’une reprise économique qui leur profitera dans leurs autres activités.

 

La concurrence est également un excellent stimulant qui n’a pas disparu avec la crise.

 

Ainsi on peut dire, au vu des dossiers acceptés depuis quelques mois, que la grille d’analyse des business plans par les banquiers donne la priorité aux projets dans lesquels :

         - le pay back ou durée du retour sur investissement est le plus court, la prévision à moyen et long terme étant entâchée de suspicion dans la situation actuelle.

         - l’apport personnel du repreneur est significatif, allégeant le besoin d’apport bancaire et renforçant l’engagement du repreneur qui crédibilise ainsi ses prévisions.

         - la prise en compte du BFR dans le financement de l’exploitation de la cible est surévaluée, en raison des incertitudes que laisse planer la mauvaise situation économique du moment, dont nul ne sait le temps qu’elle durera. La robustesse des comptes clients et des comptes fournisseurs est mise à mal par une vision pessimiste de la durée de la « crise ».

         - le financement en pool bancaire est favorisé dans le cadre d’une holding de reprise, l’importance de l’accord  bancaire étant facilité par la division du risque.

 

La prime aux bons risques

 

On aura compris que le système bancaire va trouver sa relance  future dans une meilleure gestion du risque qu’il ne l’avait fait précédemment et qu’il a  ainsi tendance à retenir les meilleurs projets.

 

Le montage et la présentation des dossiers dans cette optique sont bien entendu primordiaux ainsi que la sélection des banques sollicitées pour les demandes de financements. On ne saura trop recommander à cet égard au porteur de projet de ne pas travailler en solitaire afin de bénéficier du regard extérieur et enrichissant de son conseiller.

 

L’entrepreneur  devra plus que jamais mettre d’abord en valeur sa propre personnalité, la mieux adaptée au métier ou au savoir faire requis pour la réussite, et en convaincre tous ses contacts pendant la période de recherche des fonds.

 

Convaincre le banquier de la qualité de l’homme restera le meilleur antidote à son aversion au risque

 

Au final les bons projets  présentent aujourd’hui moins de difficultés à trouver preneur et la mise en concurrence des prêteurs peut s’exercer à nouveau.

 

Avec des taux qui vont continuer à baisser sensiblement dans les mois qui viennent, l’entrepreneur pourra encore réussir à boucler de beaux montages, à effet de levier intéressants et à coût financier très attractif. En d’autres termes : à bon projet… bon financement.


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