Editorial de Monsieur Ken POONOOSAMY, Directeur Général du Board of Investment ( BOI ).
Cher Investisseurs,
Nous arrivons au terme d’une autre année mouvementée. Comme chaque année, 2017 a été marquée par une série de chocs et de surprises, nouant ensemble l'espoir d'un avenir économique meilleur avec la stabilisation des principaux indicateurs après une longue période de forte volatilité.
En fait, cela résulte du fait qu’on a pu saisir les bonnes opportunités prises au bon moment. La crise traversée a mis au grand jour l’obsolescence des méthodes pratiquées dans la conduite des affaires, forçant chacun à innover et à trouver des moyens plus efficients pour augmenter la profitabilité des entreprises.
La Fintech a engendré une véritable rupture de l'écosystème financier global. Les distributed-ledgers, blockchain, contrats intelligents, les API et robo -conseillers ont rendu un éventail d'activités redondantes en éliminant la nécessité de l’intermédiaire. Dans le même temps, les initial public offerings,l'organisation autonome décentralisée et les crypto-monnaies offrent une alternative intéressante aux systèmes traditionnels.
Cette tendance anti - établissement est également visible dans l'essor de l'économie du partage, connue également sous le nom d'économie collaborative. Le succès des entreprises comme Uber, AirBnB, Snapgoods ou UberEats marque une ère d'anarchie organisée qui réduit au minimum l'intervention de l'État, des régulateurs et des multinationales établies dans le fonctionnement traditionnel d'une économie. L'énigme, bien sûr, réside dans la réconciliation des objectifs de l’Etat en termes de protection des consommateurs et de réglementation, contre l'innovation portée sur l’amélioration des processus existantes. L'année 2017 a vu des de l’innovation coté politiques Gouvernementales à cet égard, basées sur le principe selon lequel l'innovation ne doit pas être limitée, mais plutôt guidée.
La Regulatory Sandbox Licence, bien qu'annoncée l'année précédente, a pris son envol en 2017, avec un nombre impressionnant de projets réalisés par des développeurs du monde entier démontrant leur intérêt pour utiliser le cadre institutionnel et réglementaire de Maurice pour mettre en place des activités dans divers domaines tel que le financement participatif, ou un système de gestion d'identité. 5 licences ont donc été émises par le Board of Investment au cours de l'année après analyse minutieuse des risques et avantages associés aux projets respectifs. Travaillant en étroite collaboration avec les régulateurs, des termes et conditions respectueux de la nécessité de protéger les consommateurs et la bonne réputation de nos juridictions ont été rédigés. Le BOI s'efforcera de formuler des lignes directrices basées sur les activités qui engloberont une grande variété de projets dans le domaine de la Fintech et de s'assurer que nous n'attirons que des projets crédibles et qui permettent à notre économie d'en tirer le meilleur parti.
Le BOI a énormément concentré ses efforts au cours de l'année sur des initiatives pour développer des secteurs nouveaux, étant donné le besoin constant de réinventer notre structure économique. Un atelier sur la biotechnologie marine par exemple a été organisé pour comprendre comment utiliser au mieux nos ressources de la vaste ZEE pour développer des produits de niche. L'amélioration de l'environnement des affaires était également un domaine d'action clé pour le gouvernement. Après plusieurs années de terne performance dans le rapport Doing Business de la Banque Mondiale, l'hémorragie a été stoppée à la suite d'une opération agressive menée par le BOI pour éliminer les goulets d'étranglement administratifs obsolètes. Le résultat a été remarquable, l'Ile Maurice se classant 25ème au monde dans le dernier classement. Parallèlement, l'organisation a poursuivi ses efforts pour faciliter l'investissement. Un niveau record d'IDE est prévu pour 2017 et, pour l'année prochaine, basant sur les efforts de marketing du BOI et liste existante de projets, ce montant devrait être encore dépassé.
Les efforts de l'organisation ont été récompensés à travers le monde. Au début de l'année, le BOI a remporté Indian Ocean Rim Association (IORA) Investment Awards 2016 pour la meilleure agence de promotion des investissements dans la région de l'océan Indien. Le BOI a également été récompensé pour le meilleur projet d'investissement dans la région de l'Afrique australe pour la deuxième année consécutive lors des Annual Investment Meeting (AIM) Investment Awards. Au cours des derniers mois, le BOI a aussi remporté le Prix des Nations Unies 2017 pour la promotion de l'investissement dans les SDG et la meilleure destination de tournage de l'année. Ce prix a été décerné par le "International Film Business Award" lors de la 3ème édition d'Indywood Film Carnival. L'organisation a également été élue en tant que nouveau membre du Comité directeur de WAIPA pour l'Afrique subsaharienne.
L'institution est maintenant appelée à faire la transition vers le Conseil de développement économique suite à sa fusion avec la FSPA et Enterprise Mauritius, il est important de réfléchir à la contribution de la BOI au cours de ses 16 ans d'existence pour façonner la structure économique actuelle l'ont rendu possible. L'institution a été un allié solide du gouvernement pour mettre en place les bonnes stratégies et les mettre en œuvre, et son personnel s'efforcera de faire de même au cours des prochaines années.
Un bref aperçu des principales activités en 2017 est inclus dans cette édition du bulletin, ainsi que certaines orientations stratégiques de l'institution pour l'année prochaine.
Pour terminer, au nom du Conseil d'administration et du personnel du BOI, je voudrais exprimer mon appréciation pour le soutien de toutes les parties prenantes au cours de l'année et je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une heureuse année 2018.
Ken Poonoosamy
Directeur Général
Rétrospective de l'Année 2017
2017 a été une année riche en événements pour le BOI notamment en termes de facilitation de projets, de consolidation et d’amélioration du climat des affaires ainsi que de la structuration de nouveaux piliers économiques. Cette section survole les activités clés menées par l’organisation conjuguant les efforts de tout un chacun afin d'améliorer l'offre de Maurice en tant que destination d’investissement de choix.
Promotion et facilitation TIC / BPO
Le secteur des TIC/ BPO se réinvente en une industrie digitale de pointe. Les nouveaux thèmes abordés cette année jettent d’ores et déjà les bases pour une île Maurice moderne. D’autre part, l’implantation de nouvelles entreprises diversifient d’avantage l’offre de Maurice tout en améliorant le dynamisme des secteurs traditionnels. Le BOI a joué un rôle prépondérant pour lancer l’industrie de la Fintech, l’industrie 4.0 et l’internet des objets. Parmi les nouveaux projets qui ont débuté leurs opérations en 2017 on retrouve Convergys (gestion des relations clients), Vanuatu Services (Fintech), Mascareignes Connect (services IOT), CMKG (services juridiques BPO), Vandatel (activités de centre d’appels) et Stratalis (Web analytics). Par ailleurs, Allianz, VWR, Ceridian, SD Worx, Accenture, Outremer Telecom et Euro CRM ont quant à eux étendu leurs activités existantes.
L’économie Océanique
Au cours de l'année, plusieurs étapes ont été franchies pour réaliser le développement de l'économie bleue suite à l’extension des activités de la Ferme Marine de Mahebourg, la mise en place d’une nouvelle ferme aquacole et la structuration de plusieurs autres. De plus, la création d’une flotte de pêche mauricienne se matérialise avec l’exécution d’un plan d’investissement de 50 navires et de l’enregistrement de 9 nouveaux bateaux de pêche à la palangre.
Le BOI a été la force motrice de plusieurs autres initiatives notamment la structuration du Groupe Bourbon, le développement d’un plan d’action pour le secteur avec l’aide de la Banque Mondiale ainsi que du développement du secteur de la Biotechnologie Marine.
D'autre part, des contrats d'exploration d’hydrocarbures dans la zone maritime (JMA et ZEE) ont été alloués alors que d’autres contrats sont en préparation pour l’exploration des minéraux hors de notre zone maritime.
L'énergie renouvelable
5 nouveaux projets liés aux énergies renouvelables ont obtenu leurs contrats de fourniture d’énergie et sont en phase d’implémentation. De plus, le BOI a joué un rôle majeur pour faciliter l’obtention de l’Environment Impact Assessment (EIA) pour le projet de Deep Ocean Water Application (DOWA). Les études de calcul énergétique ont été complété et la stratégie de développement des activités ancillaires telles que l’aquaculture, la thalassothérapie, l’embouteillage d’eau à forte teneur en minéraux, entre autres ont été réalisés.
L'immobilier
La notion de Smart City prend forme avec l’obtention de tous les permis ainsi que toutes les autorisations requises pour trois projets, à savoir, Uniciti, Cap Tamarin et Mon Trésor. Cette année, 5 entreprises ont entamé la construction de résidences sous le Property Development Scheme. Suite à la manifestation d’intérêt lancée par le BOI en février 2017 concernant le développement du parc industriel de Riche Terre, plus de 40 propositions pour des projets de fabrications et d'entreposage ont été reçu.
L'industrie du cinéma
12 projets ont été réalisés, embauchant 720 personnes au niveau technique et 400 acteurs (supports et figurants) locaux. Ces projets ont été soutenus par le Film Rebate Scheme, programme administré par le BOI, pour un total de 927,9 millions de roupies en termes de dépenses des productions éligibles. Le tournage de Serenity produit par IM Global, l’une des principales sociétés de production et de financement de films hollywoodiens, a été un des évènements saillants dans ce secteur. De plus, Light and Light, une société spécialisée en équipements de production cinématographique, s'est installée à Maurice en février 2017 et a soutenu une dizaine de productions depuis son arrivée. Collective Dreams Studios, une société sud-africaine a, quant à elle, investit dans la création d'un studio de cinéma. Ce studio se chargera de la post-production de longs métrages et de la production de séries télévisées.
La santé et la biotechnologie
Les principaux investissements ont découlé principalement de sources locales, s'élevant à environ 200 millions de roupies. Ces investissements ont principalement porté sur des projets de maisons de retraite et de maisons de repos tels que Les Nénuphars et Nemorin Residential Care Home. En outre, la société de biotechnologie Axonova qui est impliquée dans la recherche et les essais précliniques, est en phase d’implémentation à Ferney.
L'éducation
Middlesex University a établi un partenariat avec le groupe Médine pour la construction d’un campus universitaire moderne pouvant accueillir jusqu'à 1400 étudiants au sein de la Médine Smart City à Flic-en-Flac. D’autre part, l'African Leadership College a mis en place un établissement d'enseignement supérieur privé au sein du Beau-Plan Business Park en collaboration avec le Glasgow Caledonian University du Royaume-Uni, pour offrir des programmes de premier cycle et de troisième cycle. L'African Leadership College a également établi un campus résidentiel à Pamplemousses. De plus, l'American Campus, première université offrant des diplômes américains à Maurice, est opérationnelle depuis mars 2017.
L'industrie manufacturier
La consolidation et la diversification du secteur manufacturier se poursuit avec la mise en opération de plusieurs projets de fabrication de produits comprenant les adhésifs, les filets spéciaux, les barres de construction (acier et aluminium), la papeterie, le textile (uniformes et vêtements de travail) et les emballages flexibles. Empak and Optsun sont quelques-unes de ces compagnies qui ont choisi d'établir activités à Maurice.
L'agro-industrie
Le BOI a facilité l’arrivée de Mauristea Investment Co. Ltd, un acteur majeur dans le secteur du thé. La compagnie a aussi acquis l'ancienne usine de thé de Dubreuil.
La diversification de l’économie
Le BOI a été le fer de lance de plusieurs initiatives visant à favoriser la diversification de l’économie notamment à travers divers incitations, de programmes et l’organisation d’ateliers de travail visant la structuration de feuilles de route pour des nouveaux secteurs. Ces différentes initiatives comportent un atelier sur la mise en place d’un centre d’excellence régional en lien avec l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures et de minéraux en eaux profondes, des séances de travail pour la mise en place d’un centre de gestion des actifs mobiles ferroviaires selon les conditions du protocole du Luxembourg, une conférence sur l'économie océanique en collaboration avec la Banque mondiale et sur la biotechnologie marine en collaboration avec l'ambassade américaine. Finalement nous assistons à la création d'une association pour la Fintech. Le BOI a également organisé la toute première édition de la Semaine du cinéma mauricien. L’événement a été honoré par la participation de célébrités de haut niveau venus de Bollywood, Hollywood et d’ailleurs. La Semaine du cinéma mauricien a par ailleurs aidé à promouvoir l'île Maurice en tant que destination de tournage de choix.
L’innovation
Le BOI a été au centre de l’élaboration d’un plan directeur visant la convergence des initiatives de recherches, des incitations fiscales et de la valorisation et commercialisation de l’innovation pour le pays en 2017. L’initiative phare a été l’opérationnalisation du Regulatory Sandbox License annoncée comme mesure budgétaire en 2016. Cinq (5) projets sous le Regulatory Sandbox License ont déjà été approuvés par le conseil d’administration du BOI notamment :
- Fundkiss Technologies Limited visant l’élaboration d’une plateforme de financement participatif,
- Laboratoire international de bioanalyse (LIBA) pour la fabrication de cellules dites AutoRegenic,
- ITOO Film Services Ltd pour l'émission de garantie d'achèvement de film,
- Salt Lending Technologies pour une plate forme permettant de constituer des actifs de blockchain en garantie,
- Selfkey Foundation pour système d'identification à travers le distibuted-ledger.
Le Board of Investment a également promu plusieurs projets dans les domaines du Fintech, de la biotechnologie, de l'énergie renouvelable et de cleantech, entre autres sous le Regulatory Sandbox License.
L’environnement des affaires
Le BOI a joué un rôle majeur dans l’inversion de la tendance régressive au classement du rapport Doing Business de la Banque Mondiale. Les changements administratifs et légaux ont permis une amélioration de 24 places dans ledit classement, positionnant Maurice au 25ème rang au niveau mondial en termes de facilitation des affaires. Les éléments suivants ont contribué à cette amélioration :
- L’engagement actif du Board of Investment avec l'équipe de la Banque mondiale sur le volet Doing Business, qui a poussé l’institution à reconnaitre 4 réformes et 8 corrections dans les sous-indicateurs.
- La promulgation du Business Facilitation (Miscellaneous Provisions) Act 2017 qui a apporté des modifications à 26 lois.
Par ailleurs, le Global Competitiveness Index 2016-2017 classe Maurice à la 45ème place sur 138 économies. D'autres initiatives ont été lancées en même temps dans le but d'améliorer la visibilité des investisseurs. La page Doing Business sur le site web du BOI a été changée avec un contenu amélioré sur le cycle de vie d'une entreprise depuis le début de ses opérations. La page web fournit aussi des informations complètes sur tous les aspects commerciaux, y compris les coûts indicatifs pour les entreprises. Le BOI a également été le fer de lance du projet E-licensing, afin de mettre en place une plate-forme unique pour faire une demande de licences auprès des organismes publiques. Cela réduira ainsi la nécessité de faire appel à plusieurs agences et d’avoir un seul point de contact pour l’investisseur.
La stratégie Afrique
L'Africa Centre of Excellence a également été impliqué dans plusieurs initiatives visant à positionner Maurice comme une plateforme d’investissement pour la région. 4 entreprises ont installé leur siège régional à Maurice, alors qu’une autre y a mis en place une usine de fabrication. Suite aux différentes missions organisées avec le secteur privé, 4 projets ont été implémentés par des entreprises locales.