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Libre-échange - À quand une Afrique complètement libéralisée ?

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La question du libre-échange à l'ensemble du continent africain est récurrente et si beaucoup en font la promotion, la chose tarde à se concrétiser.

 

 

 

 

L'Afrique a signé au cours des dernières décennies, un certain nombre de traité de libre-échange dont quelques uns peinent encore à se concrétiser. En cause : le décalage entre les ambitions politiques des dirigeants africains et les réalités économiques. Selon Trudi Hartzenberg, Directrice exécutive du Centre de droit commercial pour l’Afrique australe (TRALAC) s'exprimant dans un document sur l’intégration régionale en Afrique, publié par l’Organisation mondiale du commerce et cité par la revue onusienne Afrique Renouveau, ces dirigeants font preuve "d’une réticence évidente à donner des moyens d’action à ces institutions". C'est pourquoi, la Banque mondiale par exemple, les encourage à élargir l’accès à la finance commerciale et à réduire les restrictions commerciales dues entre autres, à un excès de réglementations ou à des systèmes juridiques inadaptés.

D'autres experts estiment pour leur part que les gouvernements doivent respecter les accords commerciaux signés et les mettre en pratique. "Dans certains cas, le problème réside dans l’absence d’engagement clair en faveur d’une gouvernance basée sur le respect des règles de l’intégration africaine. Les obligations des accords internationaux ne sont pas prises au sérieux.", explique Mme Hartzenberg qui cite l’exemple de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), un groupement économique régional qui a lancé en 2008 une zone de libre-échange entre ses 15 États membres. Ainsi, en dépit de la décision de la SADC de supprimer les restrictions commerciales, certains pays membres n’ont pas éliminé leurs droits de douane tandis que d'autres les ont rétablis après les avoir supprimés.

Même son de cloche du côté de la Banque africaine de développement (BAD) qui impute la lenteur des progrès dans la mise en œuvre des accords signés, à "une architecture complexe de communautés économiques régionales". L'institution financière fait notamment référence aux règles commerciales complexes et contradictoires, aux restrictions douanières et aux infrastructures en mauvais état. Une situation handicapante qui explique la faiblesse des échanges commerciaux intra-africains qui ne représente que 12% environ sur l'ensemble du continent. Rien de surprenant à cela car près de 80% des exportations africaines partent à l’étranger, particulièrement en Europe, en Chine et aux États-Unis.

"Le transport routier est incroyablement lent et les ports sont encombrés dû au manque de capacités", note par ailleurs la BAD qui pointe ainsi le manque d’infrastructures malgré quelques efforts effectués dans le domaine. Le NEPAD, l’agence de développement de l’Union africaine, a annoncé avoir adopté un plan sur 30 ans qui favorise énormément les projets transfrontaliers, comme celui de la route de 4 500 km reliant Alger à Lagos. Mais, pour que l’Afrique parvienne à régler ce problème, la BAD estime qu’elle doit dépenser 40 milliards de dollars de plus par an.

Enfin, pour certains experts comme Nick Dearden, directeur du Mouvement mondial pour le développement, la faiblesse des progrès des échanges intra-africains s'explique par le fait que les accords commerciaux, notamment avec les pays occidentaux, ne tiennent pas souvent compte des efforts de l’Afrique pour promouvoir le commerce intra-africain. Il accuse dans son blogue hébergé par The Guardian, les pays occidentaux, européens en particulier, de promouvoir des modèles de libre-échange qui servent leurs intérêts et non ceux de l’Afrique et qui sont un frein aux efforts d’intégration de celle-ci.

Source : Afriqueexpansion.com