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Construction: 46 000 ouvriers manquent à l’appel

Le pays devant se transformer en un vaste chantier en 2017, l’apport d’au moins 92 000 travailleurs sera nécessaire. Sauf qu’actuellement, il n’y en a que la moitié sur les chantiers.

«En ce moment, cela tourne autour de 46 000», explique-t-on du côté du Construction Industry Development Board (CIDB). Et force est de constater, poursuit-on, que des Mauriciens continuent à bouder ce secteur. Tant et si bien qu’il faudra avoir recours à la main-d’oeuvre étrangère pour pallier ce manque.

«Nous aurons probablement à importer de la main-d’oeuvre»

«Il nous faudra approximativement le double du nombre de travailleurs dans le secteur de la construction. Nous misons sur la formation des ouvriers mauriciens, mais nous aurons probablement à importer de la main-d’oeuvre», soutient-on au CIDB.

En effet, plusieurs projets sont annoncés l’année prochaine, dont l’agrandissement de la place Decaen à Port-Louis, les réparations sur l’autoroute Terre-Rouge-Verdun, la nouvelle infrastructure routière au rond-point de Phoenix, le lancement du Metro Express. Reste que le 25 novembre, le Conseil des ministres avait décidé de limiter l’emploi des étrangers dans la construction. Ce qui devrait être une contrainte non négligeable.

Difficile de recruter des locaux

Et qu’en disent les instances formatrices ? Est-ce difficile de recruter des Mauriciens pour le secteur de la construction ? La réponse est oui. «Il y a une très grosse demande dans le secteur, mais les gens ne veulent pas travailler. Ils préfèrent les centres d’appels», fait-on valoir au Mauritius Institute of Training and Development.

Cet organisme chapeaute en ce moment des programmes de formation et met les bouchées doubles avec les organisations non gouvernementales et la National Empowerment Foundation.

«On aura beau interdire l’emploi aux étrangers, les Mauriciens ne voudront pas travailler dans ce secteur tant qu’ils ne seront pas mieux payés»

Même son de cloche du côté du syndicaliste et défenseur des travailleurs étrangers, Faizal Ally Beegun. Les Mauriciens, dit-il, ne veulent pas travailler sur les chantiers. Et pourquoi donc ?

«Il faut augmenter le salaire des ouvriers qui travaillent dans ce domaine. On aura beau interdire l’emploi aux étrangers, les Mauriciens ne voudront pas travailler dans ce secteur tant qu’ils ne seront pas mieux payés.» Dans les milieux concernés, on explique que le salaire de base dans ce secteur tourne autour de Rs 9 000 à Rs 13 000, selon la catégorie d’employés.

Sentiment exprimé par le ministre Bodha

Le syndicaliste rejoint le sentiment exprimé par le ministre des Infrastructures publiques, le 8 décembre, lors d’un point de presse. Nando Bodha avait, lui aussi, affirmé «qu’il faut valoriser l’emploi de ce secteur avec un bon salaire».

Cela, avait-il indiqué, limiterait l’importation de main-d’oeuvre. «On peut développer les compétences dans ce secteur avec un meilleur salaire.»

Restrictions pour les étrangers

C’est le 25 novembre que le Conseil des ministres a pris la décision de restreindre le nombre de permis de travail, dans la construction, à l’intention des étrangers. L’objectif étant de permettre aux Mauriciens de pouvoir profiter des places disponibles dans ce secteur. Même si une compagnie de construction recrute des étrangers, elle devra respecter des critères très stricts.

2 000 opérateurs enregistrés au CIDB

En février, le ministère des Infrastructures publiques a annoncé la création d’une base de données pour les opérateurs du secteur de la construction. À ce jour, 2 000 opérateurs se sont enregistrés. Seuls ceux qui entreprennent des contrats d’une valeur de plus de Rs 500 000 doivent s’inscrire. Depuis la création de cette base de données, le CIDB a un plus grand contrôle du secteur. Il estime les contrats des cinq plus gros opérateurs à Rs 9,1 milliards. De plus, depuis juin, le CIDB a reçu une accréditation de la Mauritius Qualifications Authority. Il peut ainsi dispenser des cours aux opérateurs enregistrés.

Croissance de 7 % dans la construction en 2017

Une croissance de l’économie de 3,8 % est prévue en 2017, contre 3,6 % cette année. Croissance qui devrait, entre autres, être portée par le secteur de la construction, selon Statistics Mauritius. Il ressort des comptes nationaux, publiés vendredi, que ce secteur devrait connaître une progression de 7 %, grâce à la mise en oeuvre de divers projets publics et privés retardés cette année.